Le sens du
son
Klaus
Blasquiz
T’es grave dans les basses !
Qui n’a
jamais entendu l’ânerie : « mets-moi un peu de présence dans le
médium, l’aigu est un peu agressif», ou encore : « le son est un peu
froid, tu peux arrondir les basses ? ». Connaissons-nous nos fréquences et
de quoi est constitué le bruit, parfois musical, que nous manipulons ?
Se réfugier
dans la paresse, ou derrière l’excuse que l’on n’est pas équipé, ou que l’on
n’a pas besoin de savoir (ça risque de tuer ma spontanéité !), n’est plus
acceptable aujourd’hui, surtout si l’on se targue d’être un pro de la musique
(et du son). Il est surprenant de voir que certains musiciens, connaissant bien
« la musique », méconnaissent le monde de l’acoustique et ignorent
parfois totalement de quoi sont
faits les sons dont ils jouent. Gardons notre venin pour les plus sourds et
ajoutons notre pierre à l’édifice de l’éducation de notre oreille en essayant
d’être plus didactique que sarcastique (tic tic).
Des
bandes
D’abord, il
faut rappeler que les registres fréquentiels que l’on englobe habituellement
dans les dénominations : grave, médium grave, médium, médium aigu et aigu,
correspondent à des bandes de fréquences délimitées. Pour certains,
l’extrême-grave commence au seuil de l’audibilité, à 20 Hz (sous-grave ou
infra-basses), que l’on ressent plus que l’on entend (de 0 à 30 Hz), et
« monte » à 55 Hz,
laquelle fréquence, faîtes-en l’expérience, est encore extrêmement grave. Vient
ensuite le registre des basses, de 55 à 110 Hz, puis le bas-médium, de 110 Hz à
220 Hz (là aussi de 2 octaves), le médium, de 220 à 880 Hz, le haut-médium, de
880 à 1,76 KHz et enfin l’aigu lui-même, à partir de 1,76 KHz. Ce dernier
registre est limité dans le haut par un seuil d’audibilité variable, fonction
de l’âge de l’oreille et de sa bonne santé. On se limitera donc à 20 KHz, même
si à partir de 25 ans, et après de longues heures de répétitions
électro-acoustiques, on n’aura plus accès à ce qui se passe au-dessus de 15
KHz, voire moins. Mais, d’une part 15 KHz, c’est encore très aigu, et d’autre
part, ces hautes fréquences sont rarement centrales dans les sons musicaux.
D’autres annoncent que le grave commence à 100 Hz, le bas-médium à 400 Hz, le
médium à 1 K, le haut-médium à 3 K, les aigus à 6 K et considèrent que tout ce
qui s’envole au-dessus de 10 K n’est que des stridences. D’autres enfin
considèrent que de 20 à 60 Hz on est dans l’extrême-bas, de 60 à 120 dans le
grave, de 120 à 400 dans le bas-médium, de 400 à 4 K on se trouve dans le
médium, de 4 à 7 K dans le haut-médium, au-dessus on est dans l’aigu et qu’à
partir de 12 K on est rendu dans l’extrême-aigu. Entendez-vous ? Tout cela pour
dire que si l’on ne connaît pas « ses fréquences », on ne saura pas
ou se situe l’insistant larsen ou la vilaine bosse dans le son de piano que
restitue péniblement un retour fatigué (comme le sonorisateur de scène).
On peut
s’exercer, se rafraîchir les esgourdes (les cages à miel ?), ou tout
bonnement se tenir au jus sonore en travaillant avec par exemple un petit
logiciel gratuit, Audacity, qui permet de générer des fréquences simples ou des
bandes de fréquences comme du bruit rose ou blanc. Ah tiens mais
qu’est-ce ?
Bruits
en couleurs
Le bruit
blanc est un son contenant toutes les fréquences du registre audible
(généralement entre 250 et 8 K) en quantité égale. Pour des questions de
perception (psycho-acoustique) le cerveau croit que les aigus sont relevés. Le
bruit rose quant à lui est un bruit blanc ayant été filtré de manière à réduire
l’intensité à chaque octave (de l’ordre de 6 dB) de manière à compenser le fait
que plus on monte et plus le nombre de fréquences augmente par octave. Il
existe également un certain son marron (qui n’a rien à voir avec des fréquences
provoquant des troubles intestinaux) qui tente de simuler le mouvement
brownien, qui saute en incréments réguliers, tout en déclinant de 6 dB par
octave. Son inverse étant appelé le son violet, dans lequel les fréquences sont
montées de 6 dB à chaque octave. Question d’harmonie… de couleurs.